Notre maison à roulette, cette maison dans laquelle on a mis de l'argent, beaucoup, mais surtout du temps, de l'énergie et tout notre coeur, est plate comme une crêpe. La voiture qui nous aura d'un côté "embêtés" tout le voyage mais aussi amenés plus loin qu'on aurait imaginé va surement rouiller en bord de route comme les nombreuses épaves que nous avons croiser sur les routes. Enfin, notre rêve, notre projet, en tout ça dans sa forme originale a explosé.
On a tous des façons différentes de réagir, Mik (je parle de ce que je vois, il est difficile de vivre ce qu'il vit dedans, il m'a pas encore dit qu'il avait en crise de pancréatite) a été actif, ramasser, sauver nos affaires, jusqu'à retourner sur les lieux et prendre pièce par pièce "notre maison, notre vie" pour voir s'il y avait pas encore une chaussure de la reine des neige à sauver, de tout rassembler pour ne "pas polluer". Il a aussi été là, "l'Homme Fort", il m'a pris dans les bras malgré son épaule amochée, il a câliné les enfants, il nous a nourri (et oui, il cuisine aussi le papa poulet). Et surtout, il rêve toujours et encore, rien ne l'arrêtera... il veux finir se qu'on a commencé.
Les enfants, on dit souvent que la vérité sort de la bouche des enfants, et si ici c'est de leur réaction que sortait la vérité, ils sont JUSTE heureux d'être là! Ils jouent et sourient, la vie reprend ses droits... je suis tellement heureuse de les voir. On va les entourer et les aimer encore un peu plus fort (si c'est possible) ses jours juste pour essayer de prévenir si un stress vient dans un deuxième temps. Je suis sûre et si c'est le cas j'en suis très heureuse, qu'ils aient compris l'importance de l'accident ou le chaos dans lequel on est maintenant, merci leur innocence.
Pour moi, bien c'est un peu plus compliqué, sinon je serai pas là à 5h du mat' à écrire un article sur notre blog... mais surement que ça fait parti de ma thérapie personnelle. Je n'ai pas envie d'étaler nos malheurs, je sais qu'à l'échelle "terre" se n'est qu'une poussière, mais j'ai besoin de "sortir le truc". Pour ceux qui me connaissent bien, enfin même si on me connait qu'un peu, vous savez que je suis émotive? émotionnelle?.... bref. J'ai besoin de dire, de partager comme pour me vider et processer les choses. Besoin de pleurer pour rincer ma peur, ma tristesse, ma "perditude".... mais aussi sécher mes larmes pour voir les sourires de mes 3 amours! J'ai aussi été active (ça vous étonne pas, non?) plutôt du côté administratif, assurance, annulation... mais aussi pour trier et emballer notre vie (j'ai toujours aimé les déménagements). Vous voyez, j'ai pas perdu mon sens de l'humour... Pour moi, c'est aussi moins clair (pour l'instant) que Mik, dans l'immédiat j'aimerai rentrer dans ma maison (c'est un problème car même en Suisse, on a plus de maison), quand je dis ma maison, c'est dans mon "chez-moi" proche de mes racines, des gens que j'aime et qui m'entourent, qui répondent toujours présents et qui ont été là dans les épreuves que j'ai eu à traverser. Je me sens perdue et loin. Mais déjà avant l'accident, je suis celle qui a besoin de rentrer, j'ai besoin de mes repères plus près de moi. J'ai vécu, je vis!!! cette aventure à fond, mais j'ai "fait le tour", "j'ai compris"... Donc je suis partagée entre l'envie de rentrer, aller au chaud de l'amour des proches et le fait qu'on ne peut pas finir avec ça! On est plus fort, malgré toutes les embuches de la vie (et depuis qu'on est ensemble avec Mik, on en a eu quelque-unes), rien nous a arrêté! On a été assez "fou" pour partir en voyage avec 2 petits, quitter boulot, amis et maison pour vivre une aventure à 4... rien ne peut nous freiner! Mais j'ai besoin de temps, plus de temps...
Je vais raconter mon vécu de l'accident, c'est tellement irréel et j'étais si consciente que c'est comme si j'avais vécu un film. Je conduisais la voiture, il y avait pas mal de vent, comme souvent on était à 100km/h sur une longue ligne droite, on allait retrouver la mer. Puis j'ai entendu un crac derrière de mon côté, il semblerai qu'une jante se soit cassée. La voiture ne répondait plus, semblait glisser au ralenti. Mik qui est retourné sur les lieux, a vu qu'on a fait malgré tout un immense bout droit sur la route, j'ai maintenu le cap. La voiture a ensuite dévié sur le côté droit, je n'avais qu'un but, éviter l'arbre dedans nous... une rigole nous a freiné mais nous a aussi fait faire des tonneaux. C'était si irréel, comme dans les manèges à sensation que j'aime. Je sais pas combien on en a fait, je sais juste qu'on s'est retrouvé sur nos roues... enfin celles qui nous restaient. Les enfants ont tout de suite pleuré, Mik est vite sorti cherchant ses lunettes, je suis sortie aussi pour détacher les enfants et voir comment ils allaient... et voilà on était là les 4 dans les bras l'un de l'autre, serrés fort... au mieux des nos affaires éparpillées, de notre maison éventrée, de notre carrosse en accordéon.... ON ETAIT LA!!!!! Pas de sang, pas de membre cassé... Puis cette peur, ce choc qui remonte, "j'ai failli tuer mes petits", c'est irrésistible, cette culpabilité (mais je vous jure j'avance car j'ai écris plus haut, j'ai maintenu le cap de la voiture). Les gens se sont rapidement arrêté (les premiers ont été des personnes qu'on avait croisé le jour d'avant et avec qui on avait un peu parlé, le monde est petit), les choses se sont organisées...
On a ramassé une grande partie de nos affaires ce jour-là, les ouvriers de la route qui travaillent un peu plus haut, sont venus les mettre dans leur camion, la police est venue (au deuxième appel, quand-même!!! et oui pas de mort, pas de blessé, pas de collision entre 2 voitures.... on a pas besoin d'eux....), les pompiers pour sécuriser les lieux (gaz, essence,....) et l'ambulance (on vous a déjà dit que les médecins étaient des mauvais patients).... Comme tout le monde était en une pièce, on a préféré rester là pour essayer de récupérer notre vie. Il y avait plein de bras pour nous aider... c'est difficile de se sentir ainsi "violé", mais c'était nécessaire. Puis, le chef des travaux nous a amené à l'hôpital... pas le CHUV, ni même l'hôpital de Saignelégier, juste 2-3 cabanons blancs dans une mini-ville du bush. 2 infirmières se sont occupées de nous... on avait RIEN!! ON ETAIT LA!!! Le docteur est venu bien plus tard, un docteur qui est seul pour une région immense, qui est une semaine ici et la suivant à Kalgoorlie... mais qui fait de la télémédecine au besoin pour aider les infirmières. Un médecin de la vielle école qui sait tout faire, accoucher un 28 semaines et gérer les trauma les plus sévères... au premier coup d'oeil, il savait qu'on avait rien, si ce n'est que des muscles froissés... mais qui savait aussi ce sentiment d être perdu et d'avoir besoin de se poser... qui après avoir réfléchit nous a offert sa maison d'Espérance pour qu'on puisse avoir un endroit, UNE MAISON. Puis Barry, l'ambulancier bénévole qui a pris soin de nous, en nous véhiculant, en gardant nos affaires, en nous nourrissant.
Le fond a bien tenu!
"LA" jante
Notre maison
ILS SONT LA!!!
Mik s'active
Barry nous aide à tout récupérer
Nos autocollants
J'ai maintenu le cap....
.... et évité les arbres.
"Tout est rangé"
Notre vie
Il nous faut du repos, Mio a tout compris
Voilà, où on en est maintenant au 3ème jour, on va descendre à Espérance pour nous remettre en ordre. Nos affaires, nous, notre projet...
Encore un immense merci aux gens qui étaient là, on s'est senti aidé, entouré et aimé même au milieu de nulle part. Et aussi merci à ceux qui nous on envoyé des petits mots de soutien.